En flânant dans le bourg de Saint-Alban-sur-Limagnole, impossible de manquer la silhouette massive de son château, adossé à l’église et solidement ancré dans l’histoire du Gévaudan. Si nous espérions découvrir l’intérieur de cet édifice chargé de mémoire, notre visite s’est arrêtée aux portes – littéralement. Le château est actuellement en cours de réfection, ses murs protégés derrière des échafaudages.

Mais parfois, il suffit d’un détail pour ressentir la grandeur passée d’un lieu. La porte d’entrée en grès rose, sculptée avec sobriété mais puissance, nous a particulièrement marqués. À quelques pas de là, le vieux cimetière, entouré de son muret de pierre et veillé par des croix usées, prolonge cette impression de silence habité.

C’est là que nous avons vécu une scène presque irréelle. Sortis de nulle part, et disparus tout aussi furtivement, deux figures énigmatiques ont traversé notre passage : un jardinier charmant et remarquablement cultivé, à la conversation aussi soignée que ses massifs, puis, quelques instants plus tard, une poétesse méditative, arrêtée devant la stèle où l’on peut lire un extrait d’un poème de Paul Éluard. Leur apparition brève a ajouté un peu plus de mystère à l’atmosphère suspendue de cette halte imprévue.

Heureusement, la suite nous a ramenés les pieds sur terre : dans un pré voisin, quelques jolis ânes, sont venus à notre rencontre.

Même en sommeil, le château impose le respect. Nous reviendrons, c’est certain, lorsque ses portes rouvriront. Mais déjà, ce moment singulier nous a permis de ressentir que la Margeride sait se faire discrète, mais jamais muette !