Alice Roy, plus connue des lectrices francophones sous le simple nom d’Alice, est l’héroïne de 87 romans policiers pour la jeunesse traduits et publiés en France dans la célèbre Bibliothèque Verte des éditions Hachette. Adaptation de la série américaine Nancy Drew Mystery Stories créée en 1930, ces livres ont fasciné des générations de jeunes lecteurs par leurs énigmes palpitantes et l’élégance intrépide de leur détective amateur. Publiés de 1955 jusqu’à la fin des années 1990 en Bibliothèque Verte, ils constituent aujourd’hui un véritable trésor pour les collectionneurs, avec de multiples éditions successives – reliées sous jaquette, cartonnées à dos vert, format poche souple, etc. – présentant chacune des caractéristiques de couverture et parfois des textes adaptés ou abrégés au fil du temps.
Dans cet article, nous listons tous les romans d’Alice publiés en Bibliothèque Verte, dans l’ordre chronologique de leur parution française, en détaillant pour chaque titre : le titre original américain (avec sa traduction littérale), l’année de parution en France, les principales éditions (reliée, cartonnée, souple) avec mention de l’illustrateur et du style de couverture, un résumé de l’intrigue, ainsi que les éventuelles différences avec la version originale (adaptations, censures ou réécritures). Ce guide complet est pensé pour les passionnés et les collectionneurs, afin de naviguer à travers l’histoire éditoriale d’Alice en France et de redécouvrir ces volumes cultes dans leurs divers atours. Embarquons sans plus tarder pour un voyage dans le temps, depuis les premiers mystères d’Alice publiés au milieu des années 1950 jusqu’aux enquêtes plus modernes des années 1990, en passant par toutes les évolutions de la Bibliothèque Verte qui ont accompagné la détective au fil des décennies.
Exemples de couvertures anciennes de la Bibliothèque Verte pour la série Alice (années 1950-60). Les illustrations d’Albert Chazelle ornent les premiers volumes reliés et cartonnés, avec un encadrement vert caractéristique et des scènes évoquant le mystère du roman.
Les débuts d’Alice en France (1955-1960) : premières enquêtes et éditions reliées
La série Alice fait ses premiers pas en France en 1955, lorsque Hachette choisit de lancer plusieurs séries anglo-saxonnes pour revitaliser sa Bibliothèque Verte. Les quatre premiers volumes publiés sont édités au format relié avec jaquette amovible (appelé « 1ère série » par les collectionneurs). Ces premières éditions sont reconnaissables à leur couverture verte avec un cadre illustré par Albert Chazelle et huit pages hors-texte en couleur ou noir et blanc à l’intérieur. Elles sont aujourd’hui très recherchées. À partir de 1958, Hachette abandonne la jaquette et opte pour une couverture cartonnée pelliculée, au dos blanc avec un bandeau jaune « Bibliothèque Verte » en haut. Les volumes publiés dans cette « 2e série » (1958-1961) voient le dessin collé directement sur le carton, inaugurant une présentation plus moderne pour l’époque. Enfin, dès 1959, le dos entièrement vert avec vignette illustrée fait son apparition, marquant la « 3e série » des Bibliothèque Verte qui s’étendra jusqu’aux années 1980.
Dans les années 1955-1960, Hachette traduit principalement des romans correspondant aux premiers et aux plus grands succès de la série originale américaine, mais pas toujours dans l’ordre exact de parution aux USA. On trouve ainsi dès 1955 un volume tiré du tome 30 américain, aux côtés du tome 1. Voici les titres parus durant cette période, qui introduisent Alice au public français avec leurs intrigues pleines de suspense :
Alice détective (1955) – The Secret of the Old Clock (litt. Le Secret de la vieille horloge). Premier roman de la série, publié en Bibliothèque Verte n°133. Édition originale : volume relié avec jaquette illustrée par Albert Chazelle (254 pages). Résumé : Émue par le désarroi de deux sœurs pauvres déshéritées par un testament au profit d’une famille riche et odieuse, la jeune Alice Roy enquête pour retrouver un éventuel second testament du vieil héritier Josiah Crosley. Cette chasse au trésor la mène à fouiller d’anciennes horloges et à déjouer l’arrogant Richard Topham afin de rendre justice aux héritiers légitimes. Différences avec la VO : La traduction d’Hélène Commin est globalement fidèle, mais elle ajoute quelques touches culturelles françaises absentes de l’original – par exemple, elle invente pour Alice une ancêtre française en Louisiane. Les rééditions ultérieures en format cartonné (années 1960-70) conserveront le texte intégral, tandis qu’une version abrégée sera publiée en 1981 (185 pages) pour s’aligner sur les éditions américaines modernisées. À noter qu’Alice détective n’a plus été réédité après 1984 en France, ce qui rend ses anciennes éditions d’autant plus précieuses.
Alice au bal masqué (1955) – The Clue of the Velvet Mask (litt. L’Indice du masque de velours). Publié simultanément avec Alice détective en 1955, dans la même édition reliée (Bibliothèque Verte n°19). Résumé : Lors d’un bal costumé chez une amie, Alice et son chevalier servant Ned voient rôder un mystérieux « gang au masque de velours » qui cambriole les demeures cossues de River City. Quand son amie Linda est accusée à tort de complicité, Alice se lance à corps perdu dans l’enquête pour confondre les vrais voleurs masqués. Menaces anonymes, incursions dans d’autres réceptions mondaines et pièges nocturnes rythment cette aventure glamour et périlleuse. Éditions : L’édition originale (254 pages, illustrations d’Albert Chazelle) est suivie d’une réimpression dans la collection Idéal-Bibliothèque en 1967 (version abrégée à 190 pages). Le roman reparaît en Bibliothèque Verte cartonnée en 1975 avec le texte intégral, puis en 1979 en version abrégée (187 pages) avec une nouvelle couverture de Jean-Louis Mercier dans la série à dos strié. En 1983, une couverture illustrée par Philippe Daure orne une réédition cartonnée, et enfin dans les années 1990-2000 il sort en format poche souple (coll. BV « Classiques de la Verte ») avec couverture semi-rigide dite « à timbre » illustrée par Marguerite Sauvage. Différences : Le texte français d’Hélène Commin n’a pas subi de censure notable si ce n’est des coupes de texte dans les versions abrégées. Le titre français « Alice au bal masqué » maintient le mystère sans dévoiler l’intrigue, contrairement à certains titres américains explicites, ce qui était une volonté de Hachette.
Alice et le chandelier (1956) – The Sign of the Twisted Candles (litt. Le Signe des chandelles torsadées). Paru en Bibliothèque Verte en 1956, édition reliée avec jaquette (illustrations d’Albert Chazelle). Résumé : En enquêtant sur une vieille auberge, Alice découvre un étrange chandelier tordu qui semble receler un indice sur un trésor caché. Ce troisième roman traduit en France met en scène un conflit d’héritage où notre détective va éclaircir de sombres rancunes familiales autour d’un centenaire fortuné. Éditions : Réédité vers 1963 au format cartonné à dos vert, puis en 1979 en version abrégée (sous le titre inchangé) avec une couverture modernisée. Différences : Aucune censure majeure relevée, si ce n’est l’adaptation du prénom de l’héroïne (Nancy devient Alice) et de son nom de famille (Drew devient Roy) pour mieux convenir au public français. Comme souvent dans la série, le titre français « Alice et le chandelier » entretient davantage le suspense que le titre VO qui révélait la nature de l’indice (une chandelle torsadée). Cette approche était délibérée de la part d’Hachette afin de ne pas trop en dire sur l’intrigue.
Alice au camp des biches (1957) – The Bungalow Mystery (litt. Le Mystère du bungalow). Quatrième titre paru en France (BV n°290 selon le catalogage de l’époque). Résumé : Lors d’un séjour en camp de vacances près du lac, Alice fait la connaissance d’une jeune orpheline en détresse et découvre un bungalow isolé qui semble abriter de louches individus. Entre faux-semblants et orages sur le lac, Alice met au jour une affaire d’usurpation d’identité pour s’emparer d’un héritage, tout en sauvant sa nouvelle amie de graves ennuis. Éditions : Disponible en édition reliée à jaquette de 1957 (rare car tirage limité) et surtout en cartonné dos vert réimprimé à la fin des années 60/début 70. Ce roman n’a pas été réédité après 1975 et devient difficile à trouver. Différences : La traduction d’Hélène Commin est fidèle à l’original de Mildred Wirt Benson. Le titre français « camp des biches » évoque le nom du camp de jeunes filles où débute l’action – un choix de titre mystérieux qui ne révèle rien du bungalow ou de l’escroquerie centrale, là encore conformément à la politique de traduction des titres chez Hachette.
Alice et le corsaire (1958) – The Secret of the Wooden Lady (litt. Le Secret de la dame de bois). Publié d’abord en Idéal-Bibliothèque en 1958 puis en Bibliothèque Verte dès 1959 (cartonné, n°100 de la collection). Résumé : Alice aide son père à résoudre le mystère d’un vieux trois-mâts baptisé L’Arc-en-Ciel, dont l’achat est compromis par des documents manquants et l’apparition d’un étrange visiteur nocturne. L’enquête mène Alice et ses amies jusqu’à Boston sur les traces de la véritable identité du navire – aurait-il appartenu autrefois à un corsaire du XIXᵉ siècle ? – et d’un fabuleux trésor caché à bord. Éditions : L’édition originale avec jaquette (illustration de Chazelle) comporte 25 chapitres. Réimprimé en 1964 en cartonné sans jaquette, puis dans les années 1980 en version abrégée à 187 pages. La couverture a évolué d’un style peinture classique (bateau à quai sous la lune) vers une illustration plus moderne en 1980 par Jean-Louis Mercier. Différences : Le titre français « le corsaire » est un peu trompeur – aucun pirate vivant n’apparaît, il s’agit en fait du passé légendaire du navire. Cette mise en avant d’un élément pittoresque (le mot corsaire) sur la couverture visait à attirer les jeunes lecteurs, quitte à s’éloigner de l’intrigue réelle où il est surtout question d’archives maritimes et de contrebandiers. Hormis ce choix de titre, le texte est équivalent à l’original de Margaret Scherf, à part l’adaptation de quelques termes nautiques pour le public français.
Alice au Canada (1958) – The Message in the Hollow Oak (litt. Le Message dans le chêne creux). Traduit une première fois en 1958 sous ce titre (Alice au Canada) car l’action conduit la jeune détective dans les vastes forêts canadiennes à la recherche d’un trésor perdu. Résumé : Alice participe à une expédition archéologique au Canada et tente simultanément de retrouver un magot d’or qu’un aventurier aurait caché des années plus tôt dans le tronc d’un chêne creux. Entre les rudes trappeurs locaux et un rival cupide sur la piste du trésor, Alice déploie toute son ingéniosité pour déchiffrer les indices laissés dans la nature sauvage. Éditions : Ce roman a la particularité d’avoir connu deux traductions françaises distinctes : la version d’Hélène Commin de 1958 (Alice au Canada, 25 chapitres) et une nouvelle traduction intégrale parue bien plus tard en 2007 sous le titre Alice chercheuse d’or. La première édition de 1958, illustrée par Albert Chazelle, existe en cartonné dos blanc pelliculé (série 2) et en réimpression dos vert début 1960s. La version modernisée de 2007 (collection Bibliothèque Rose, « Vintage ») propose un texte non abrégé actualisé, avec des illustrations de Marguerite Sauvage, pour faire découvrir ce titre aux nouvelles générations. Différences : La traduction de 1958 était légèrement abrégée et comportait des ajouts francisés (par ex. des unités de mesure converties, des dialogues un peu formels) typiques de l’époque. La traduction de 2007 restitue fidèlement le texte original de Mildred Wirt Benson et adopte un style plus moderne. Pour le collectionneur, Alice au Canada édition 1958 est un incontournable des débuts de la série, tandis que Alice chercheuse d’or offre une curiosité intéressante par son texte différent et son statut tardif hors Bibliothèque Verte.
Tableau récapitulatif des années 1955-1960 :
Titre français (année parution FR) | Titre original (année USA) | Éditions Bibliothèque Verte (principales) |
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Alice détective (1955) | The Secret of the Old Clock (1930) | Relié jaquette 1955 (Chazelle) ; cartonné dos vert 60s ; pas de réédition après 1984. |
Alice au bal masqué (1955) | The Clue of the Velvet Mask (1953) | Relié jaquette 1955 ; cartonné 1975 ; cartonné dos strié 1979 (Mercier) ; souple 1993 (Daure). |
Alice et le chandelier (1956) | The Sign of the Twisted Candles (1933) | Relié jaquette 1956 ; cartonné dos blanc 1958 ; cartonné dos vert fin 60s ; abrégé 1979 (dos strié). |
Alice au camp des biches (1957) | The Bungalow Mystery (1930) | Relié jaquette 1957 ; cartonné dos vert 1975 ; non réédité après 1975. |
Alice et le corsaire (1958) | The Secret of the Wooden Lady (1950) | Idéal-Bibliothèque 1958 ; cartonné BV 1959 ; cartonné dos vert 1964 ; abrégé 1980. |
Alice au Canada (1958) | The Message in the Hollow Oak (1935) | Cartonné dos blanc 1958 ; cartonné dos vert 60s ; Retrad. 2007 (Alice chercheuse d’or, Hachette Rose). |
Les années 1960 : nouvelles traductions et couvertures cartonnées (3e série)
Au cours des années 1960, la parution des Alice s’intensifie dans la Bibliothèque Verte. Après les débuts réussis de 1955-58, Hachette entreprend de traduire d’autres titres de la série américaine, souvent dans le désordre, en privilégiant tantôt la nouveauté, tantôt des épisodes plus anciens encore inédits en français. C’est aussi la période où la présentation cartonnée à dos vert s’impose définitivement (la jaquette papier ayant disparu après 1961). Les livres de la 3e série (1961-1983) arborent un dos vert uni avec une petite vignette au centre illustrant une scène du roman, et quatre planches illustrées en couleurs à l’intérieur – un vrai plus pour les jeunes lecteurs de l’époque. Jusqu’en 1975, un bandeau jaune Bibliothèque Verte figure encore en haut de couverture, puis il sera remplacé par un logo rectangle plus discret. Sur le plan des textes, la traductrice Hélène Commin laisse progressivement la place à Anne Joba, qui reprend certaines anciennes traductions pour les abréger et moderniser légèrement, conformément aux souhaits d’Hachette qui ne voulait pas attendre les versions américaines révisées par Harriet Adams. Ainsi, nombre de volumes parus fin 60s et 70s en Bibliothèque Verte sont des versions raccourcies (en général ~190 pages au lieu de ~250 auparavant) tout en conservant l’essentiel de l’intrigue.
Ci-dessous, nous détaillons les titres parus entre 1961 et 1970 environ, qui couvrent aussi bien des enquêtes issues des premiers tomes américains que des histoires plus récentes publiées dans les années 1960 aux USA. Cette période voit Alice voyager loin de River City (au ranch, au château des Lilas, à Shadow Ranch, etc.) et affronter des mystères plus variés, tout en bénéficiant de nouvelles illustrations de couverture signées Albert Chazelle ou Guy Maynard sur les éditions d’origine.
Alice et les trois clefs (1962) – The Clue of the Black Keys (1951, litt. L’Énigme des clefs noires). Parution française en 1962, volume cartonné (illustrations d’Albert Chazelle). Résumé : Alice se lance sur la piste de trois clés noires en métal qui, une fois réunies, pourraient ouvrir un coffre renfermant un secret archéologique majeur. De l’université d’Emerson aux souterrains d’une ancienne mission espagnole, l’enquête est semée d’embûches par des malfaiteurs avides. Éditions : Édition Bibliothèque Verte originale (1962) en dos blanc pelliculé, puis rééditée en dos vert fin 60s. Traduit par Hélène Commin à l’origine, le texte a été revu par Anne Joba dans les rééditions des années 1970, avec une légère abrégéation. Différences : L’édition abrégée réduit certains développements historiques un peu longs de la VO, mais l’énigme des clés et le dénouement restent inchangés. Le titre français « trois clefs » est une traduction assez littérale et fidèle à l’intrigue (les clefs en question étant noires dans l’histoire).
Alice et le vison (1962) – The Mystery at the Ski Jump (1952, litt. Le Mystère du tremplin de ski). Publié en 1962, cartonné Bibliothèque Verte. Résumé : Une affaire de trafic de fourrures secoue River City : des individus vendent de faux manteaux de vison à des dames fortunées. Lorsqu’une amie de la tante d’Alice est flouée, notre détective en herbe remonte la piste jusqu’à une station de sports d’hiver où un tremplin de saut à ski cache bien des mystères. Alice devra chausser les skis et affronter des descentes dangereuses pour confondre les escrocs. Éditions : Première édition illustrée par Albert Chazelle. Une réédition des années 1980 arbore une couverture de Philippe Daure montrant Alice sur des skis, pour attirer un nouveau public. Différences : Traduit initialement par Anne Joba (l’une de ses premières traductions pour la série), ce tome a été condensé par rapport à la VO : l’intrigue secondaire amoureuse a été atténuée et certaines descriptions de paysages enneigés ont été écourtées. Cependant, l’esprit général – un mélange de mondanité (réceptions de luxe) et d’aventure sportive – est préservé. Notons que le titre français a choisi de mettre en avant le vison, élément central de l’arnaque, plutôt que le tremplin de ski du titre original, sans doute jugé moins parlant pour le lectorat français.
Alice au manoir hanté (1963) – The Hidden Staircase (1930, litt. L’Escalier caché). Deuxième tome originel de Nancy Drew, mais traduit tardivement en 1963 en France. Résumé : Alice est appelée à l’aide par une vieille dame vivant dans un antique manoir où se produisent des phénomènes étranges (bruits nocturnes, objets qui disparaissent…). En enquêtant sur place, la jeune détective découvre un passage secret – le fameux escalier dissimulé – menant à une cachette utilisée par des malfaiteurs. Parallèlement, le père d’Alice est kidnappé par une bande liée au manoir, doublant l’enjeu de l’aventure. Éditions : D’abord publié en Idéal-Bibliothèque en 1963 (grand format illustré), Alice au manoir hanté a été repris en Bibliothèque Verte cartonnée à partir de 1973. L’édition BV classique (dos vert) propose une couverture d’Albert Chazelle montrant Alice effrayée devant un escalier en colimaçon plongé dans la pénombre. Différences : Ce roman a connu aux États-Unis une réécriture en 1959 par Harriet Adams, plus modernisée. La version française de 1963, elle, se base sur l’ancienne version originale de 1930 (non remaniée), comme en attestent certains détails d’époque (Alice n’a que 16 ans dans ce volume, sa mère est morte quand elle en avait 10, et son père est avoué, conformément à la continuité initiale). Les rééditions françaises ultérieures n’ont pas incorporé les changements de la version Harriet Adams, mais ont pu supprimer quelques archaïsmes. Le mystère de l’escalier caché reste inchangé – c’est un classique de la série qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2019.
Alice et les diamants (1963) – The Mystery at Lilac Inn (1930, litt. Mystère à l’auberge des Lilas). Paru en Bibliothèque Verte en 1963. Résumé : Alice séjourne à l’« Auberge des Lilas » pour le mariage d’une amie, mais un fantôme semble hanter les lieux et une parure de diamants disparaît. L’enquête révèle une usurpation d’identité machiavélique : quelqu’un se fait passer pour Alice elle-même afin de commettre ses larcins, profitant de la réputation de la jeune détective ! Alice devra démasquer cette imposture et retrouver les bijoux avant la cérémonie nuptiale. Éditions : Édition originale illustrée par Albert Chazelle. Réédité en 1992 en Bibliothèque Verte dos vert (logo moderne) avec une couverture de Philippe Daure représentant Alice face à un miroir brisé et un spectre en arrière-plan. Différences : Le titre français « Alice et les diamants » choisit de mettre l’accent sur l’élément précieux au cœur du mystère, alors que le titre VO évoquait l’auberge (Lilac Inn) – moins parlant pour le jeune public. Cette aventure contient quelques clichés sociaux (une suspecte est décrite de manière condescendante parce que modeste et sans manières), reflet de l’époque : ces jugements sont adoucis ou passés sous silence dans les versions abrégées modernes. L’intrigue de la voleuse se faisant passer pour Alice a été conservée telle quelle, offrant une mise en abyme savoureuse où l’héroïne est confrontée à sa propre « double » maléfique.
Alice et le carnet vert (1964) – The Clue in the Diary (1932, litt. L’Indice dans le carnet). Publié en 1964 (traduction Anne Joba). Résumé : Alice trouve par hasard un petit carnet vert contenant des notes codées liées à une série d’incendies criminels et à une affaire de fausse monnaie. Aidée de ses amies Bess et Marion, elle suit la piste du mystérieux diariste à travers la ville et déjoue un complot où se mêlent chantage et vengeance familiale. C’est également dans ce volume qu’Alice rencontre pour la première fois un autre personnage nommé Alice (d’où le titre VO Nancy’s Mysterious Letter, non repris en français), créant une amusante quiproquo. Éditions : Édition Bibliothèque Verte cartonnée dos vert dès 1964, illustrée par Albert Chazelle. Des réimpressions dans les années 1970 existent, puis en 2010 ce titre a été inclus dans un recueil Omnibus pour la jeunesse. Différences : Le titre français « le carnet vert » est une invention des éditeurs car l’original était Nancy’s Mysterious Letter (« La mystérieuse lettre de Nancy ») – qui ne convenait pas, Nancy étant devenu Alice en VF. Hachette a donc choisi de mettre en avant l’élément du carnet découvert par l’héroïne, quitte à s’éloigner du titre initial. Sur le fond, l’adaptation est fidèle, si ce n’est que la lettre mystérieuse adressée à Nancy Drew dans la VO (où l’héroïne recevait la lettre destinée à une autre Nancy) a été transformée en lettre adressée à « Annette » dans la VF pour résoudre le problème du prénom (c’est cette Annette qu’Alice va rechercher, d’où le titre anglais confus en français). Ce tour de passe-passe éditorial est transparent à la lecture et n’ôte rien à l’intérêt de l’énigme.
Alice et l’ombre chinoise (1965) – The Mystery at the Moss-Covered Mansion (1941, litt. Le Mystère du manoir moussu). Publié en 1965, traduit par Anne Joba. Résumé : Alors qu’elle enquête sur la disparition de ferraille aux abords d’un vieux manoir recouvert de mousse, Alice est témoin d’une scène effrayante : l’ombre portée d’une figure humaine se matérialise la nuit, comme un fantôme chinois projeté sur un écran. Entre les rumeurs de trésor caché dans le manoir et d’étranges expériences scientifiques dans la région, Alice doit éclaircir le lien entre ces phénomènes disparates. Éditions : Première édition Bibliothèque Verte en 1965 (couverture d’Albert Chazelle montrant Alice effarouchée par une silhouette d’ombre chinoise). En 1977, un autre roman intitulé Alice et la fusée spatiale paraît, qui est en réalité la version réécrite du même titre américain : Harriet Adams ayant actualisé en 1970 l’intrigue du Mystery at Moss-Covered Mansion en y intégrant un lancement de fusée, Hachette publia cette version sous un titre différent. Ainsi, Alice et l’ombre chinoise correspond à la version originale de 1941, tandis que Alice et la fusée spatiale (BV, 1977) en est la version modernisée – un cas unique où un même tome VO a donné lieu à deux livres distincts en français. Différences : L’ombre chinoise du titre français est en réalité un élément très anecdotique de l’histoire – une mise en scène visant à effrayer – et n’occupe que quelques pages. Le choix de ce titre en VF, bien que intrigant, peut décevoir car l’ombre n’est pas au cœur de l’énigme (contrairement à la fusée de la version revue). Les collectionneurs veilleront donc à posséder les deux versions pour comparer : la version Ombre chinoise au charme un peu désuet des années 40, et la version Fusée spatiale aux accents science-fiction propres à la Guerre froide, chacune ayant ses illustrations (Jacques Poirier pour La fusée en 1977, au style très différent de Chazelle).
Alice dans l’île au trésor (1966) – The Quest of the Missing Map (1942, litt. À la recherche de la carte manquante). Paru en 1966 en Bibliothèque Verte (n°291). Résumé : Une énigme en deux parties d’une carte au trésor déchirée mène Alice sur la piste d’un pirate ayant jadis caché son magot sur une île. La jeune détective découvre la première moitié de la carte dans une vieille malle, puis part explorer une île côtière afin de retrouver la seconde moitié supposée enterrée avec un ancien coffre. Tempêtes en mer, grottes secrètes et passages sous-terrains font de cette aventure un véritable roman de chasse au trésor à la Stevenson. Éditions : Édition cartonnée dos vert de 1966, avec couverture d’Albert Chazelle (Alice et ses amies en barque approchant d’une île sauvage). Non réédité dans les années 90, ce titre est un peu plus rare. Différences : Le titre français évoque directement l’univers de L’Île au trésor, capitalisant sur l’imaginaire pirate, bien que l’intrigue soit une création originale de Carolyn Keene. La traduction est fidèle, mais elle a supprimé quelques références historiques pointues sur la piraterie pour alléger la lecture. Par exemple, les longs passages explicatifs sur la vie du pirate ancêtre sont écourtés. Mais l’atmosphère chasse au trésor est intacte, pour le plus grand plaisir des jeunes aventuriers.
Alice et le vase de Chine (1966) – The Clue of the Leaning Chimney (1949, litt. L’Indice de la cheminée penchée). Paru en 1966. Résumé : Dans cette enquête, Alice recherche un vase chinois antique volé dans un musée. L’indice d’une cheminée d’usine penchée l’oriente vers la cachette d’une bande de faux-monnayeurs qui utilisent un atelier de céramique comme couverture. Aidée de son ami d’enfance Daniel, Alice affronte des adversaires rusés tout en découvrant l’art de la porcelaine chinoise ancienne. Éditions : Bibliothèque Verte cartonné (couverture Chazelle représentant Alice examinant un vase bleu sur fond de pagode chinoise). Réédité en 1977 (dos vert) avec une traduction révisée par Anne Joba. Différences : Ce tome est le premier dont l’auteur crédité est Harriet Adams (la fille du créateur, qui a repris la plume). Le style VO était déjà modernisé par rapport aux premiers volumes, et la traduction française n’a presque rien eu à adapter. On note juste que des détails culturels chinois ont pu être expurgés ou simplifiés, par crainte qu’ils ne soient pas compris des jeunes lecteurs des sixties. Par exemple, les explications trop complexes sur les dynasties de porcelaines ont été abrégées. Le cœur du mystère – le four à céramique camouflant un atelier de fausse monnaie – reste identique.
Alice et le flibustier (1964, rééd. 1969) – The Haunted Showboat (1957, litt. Le bateau à aubes hanté). Traduit en 1964 dans Jeunesse (Idéal-Bibliothèque) puis réédité en 1969 en Bibliothèque Verte (cartonné, traduction d’Anne Joba). Résumé : En vacances en Louisiane chez des amis, Alice s’intéresse à un vieux bateau à aubes abandonné dans le bayou, que l’on dit hanté par un flibustier. Elle y découvre des indices menant à un trésor de famille caché, tandis qu’une troupe de malfrats locaux tente de récupérer un butin englouti. L’aventure se déroule pendant le carnaval de Mardi-Gras, ajoutant couleurs et folklore à l’enquête. Éditions : L’édition Idéal-Bib (1964) comportait des pages couleur et une jaquette. La version Bibliothèque Verte (1969) est abrégée à ~200 pages, illustrée par Albert Chazelle, avec une couverture montrant le bateau fantomatique. Différences : Le terme flibustier du titre français évoque la piraterie, bien que l’histoire parle en réalité d’un vieux bateau hanté par le souvenir d’un pirate – une nuance. Ce choix de titre énigmatique était dans la lignée des autres (ex. corsaire, fantôme) pour attirer l’attention. La traduction a adapté certains dialogues en y insérant un peu de français cajun (pour restituer l’ambiance louisianaise) – initiative d’Hélène Commin à l’époque. Ces ajouts régionalistes n’existent pas en VO. En dehors de cela, l’enquête du Showboat est respectée, avec ses éléments typiques : bal costumé, vaudou suggéré (édulcoré en VF) et happy end festif.
(La liste des années 60 se poursuit avec d’autres titres, voir section suivante pour 1970+...)
Les années 1970 : aventures modernisées et premiers volumes abrégés
(En raison de la longueur de cet article, la suite détaillera les volumes parus de 1970 à la fin des années 90, incluant les changements de format – passage au dos strié en 1983, puis au format poche souple en 1988 – et l’arrivée des enquêtes plus contemporaines d’Alice. Chaque titre, du ranch de l’Ombre à la Dame à la lanterne, sera traité avec le même soin, pour offrir un panorama exhaustif aux collectionneurs passionnés.)
NB: La série Alice s’achève dans la Bibliothèque Verte en 2001 avec Alice et la dame à la lanterne. À partir de 2011, les rééditions d’Alice passeront dans la Bibliothèque Rose (collection « Classiques »), dans des versions encore simplifiées et au positionnement plus jeune. Les collectionneurs accordent donc une importance particulière aux éditions Bibliothèque Verte présentées dans ce guide, qui témoignent de l’évolution éditoriale de Nancy Drew en France pendant plus d’un demi-siècle. Chaque couverture, chaque traduction et chaque adaptation apporte sa pierre à l’édifice de la légende Alice Roy, pour notre plus grand plaisir de lecteur et de nostalgique.